« La plupart des accidents domestiques pourraient être évités »

date: 
07/02/2011 - 15:38
Laurent Rebouissoux Médecin responsable du SAMU pédiatrique

A 40 ans, Laurent Rebouissoux est gastro-entérologue pédiatrique et Médecin responsable du SAMU pédiatrique du CHU de Bordeaux. Ce père de 3 enfants est aussi à l’origine de l’implantation d’un SMUR à vocation régionale en Aquitaine.  

A Bordeaux, les urgences accueillent 35 000 enfants tous les ans. Les accidents domestiques sont une des toutes premières causes de visite. Explications du Docteur Laurent Rebouissoux. 

 

 

Quelles sont les premières causes de visite aux urgences pédiatriques ?

Dr Laurent Rebouissoux : Les pathologies dépendent de la saison et des jours dans la semaine : par exemple, nous soignons plus de bronchiolites et de gastro-entérites lors des pics d’épidémie en automne et en hiver. Les enfants victimes d’accidents domestiques sont quant à eux plus nombreux les mercredis, samedis, et les jours fériés, lorsque les enfants sont à la maison.

 

Quels sont les causes d’accidents domestiques les plus fréquentes ?

Parmi les causes les plus fréquentes, on note les inhalations ou les ingestions d’un corps étranger. Le plus souvent, l’enfant a ingéré un médicament ou des produits ménagers domestiques. Dans la plupart des cas, les conséquences restent bénignes. Beaucoup plus rares, les intoxications provoquées par des produits industriels peuvent s’avérer très grave, avec un pronostic beaucoup plus sombre. Enfin, dernière cause d’accident, les noyades et les brûlures.

 

Selon vous, ces accidents pourraient-ils être évités ?

Bien entendu, nombre d’accidents domestiques pourraient être évités ! Un enfant en bas âge demande une vigilance de tous les instants de la part des parents, surtout entre 10 mois (début de la marche) et 4 ans où l’enfant découvre le monde sans en appréhender les dangers… Il faut aussi respecter certaines règles de bon sens comme ranger tous les produits toxiques (médicaments, produits ménagers) hors de protée des enfants, utiliser des emballages de sécurité, et surtout ne jamais transvaser un produit avec un bouchon de sécurité, dans une bouteille en plastique ordinaire ! Enfin, il est fortement conseillé de ne jamais confier un enfant à la charge d’un autre enfant…

  

Que faire en cas d’accident ?

En cas d’accident potentiellement grave - ou dans le doute sur la gravité potentielle -, il faut contacter en priorité le centre 15, qui décidera d’envoyer ou non une équipe du SMUR. Dans l’attente des secours, il est conseillé de positionner la victime en Position Latérale de Sécurité, s’il n’y a pas de traumatisme évident. Il ne faut jamais déplacer une victime lorsqu’elle est inconsciente, sauf si elle est en situation d’aggravation du danger (sur la voie publique, à proximité d’un incendie, de vapeurs toxiques…). Enfin, il ne faut jamais tenter de faire vomir l’enfant en cas d’intoxication (surtout avec les produits ménagers de type déboucheurs d’évier), sauf après avis d’un médecin.

 

Comment les Urgences s’organisent-elles face à un accident domestique ?

Dr L.R. :Les enfants pris en charge en priorité sont ceux qui présentent des signes de détresse vitale ou potentiellement vitale (détresse cardiaque, respiratoire, neurologique) de même que les patients très fragiles (nouveau-nés ; enfants présentant des pathologies chroniques telles que mucoviscidose…) ou ceux présentant une douleur aiguë provoquée par une fracture par exemple. Les autres patients ne présentant aucun critère de gravité seront pris en charge par ordre d’arrivée. Afin d’assurer une bonne prise en charge et d’éviter les « engorgements », il est préférable d’éviter la fréquentation des services d’urgences pédiatriques pour des pathologies, pouvant être gérée en dehors d’une hospitalisation : appel en priorité des cabinets de pédiatrie de garde ou du pédiatre en journée, du médecin traitant, du centre 15 qui peut donner un conseil téléphonique pour gestion des symptômes bénins. Dans tous les cas, il est vivement recommandé de ne pas amener les frères et sœurs du patient aux urgences.

 

Quelles sont les informations indispensables pour bien prendre en charge un enfant accidenté ?

Dr L.R. : Si l’enfant est tombé, il faut connaître la hauteur de la chute, le revêtement sur lequel l’enfant est tombé, le mécanisme lésionnel, la hauteur de la chute, les signes de gravité éventuels que vous aurez observés pendant le trajet… S’il a ingéré un produit toxique, il faut amener la bouteille. Et si l’enfant s’est blessé avec un objet, ne pas oublier de le prendre avec soi.

 

En cas de chute, quels signes doivent alerter les parents ?

Dr L.R. : Toute chute sur le crâne doit être surveillée pour éviter un éventuel traumatisme crânien. Certains signes doivent alerter les parents : perte de conscience, saignements, troubles de la conscience, vomissements. Ces signes peuvent apparaître entre 6 à 12 heures après le choc.

  

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