A 8 ans, il fait encore pipi au lit !

Mots-clés :  Enurésie, Sommeil profond, Hormone

01/09/2010

400 000 enfants de 5 à 10 ans, souffriraient d’énurésie en France. Enurésie ? C’est le terme savant pour évoquer le « pipi au lit ». Si les accidents sont assez fréquents avant 5 ans, faire pipi au lit au-delà de cet âge ne doit pas être pris à la légère.

 

Qu’appelle-t-on énurésie ?

Tous les matins, c’est le même scénario : votre enfant sort de son profond sommeil… et ses draps sont mouillés. Pourtant, il a bien essayé de quitter sa couche, de se réveiller pendant la nuit pour aller aux toilettes. En vain. A 8 ans, il fait toujours pipi au lit. Un vrai handicap qui l’empêche parfois d’aller dormir chez des copains ou de participer à une classe verte avec l’école. Et pour cause : en général, la propreté s’acquiert vers l’âge de 4 ans. Mais chez certains enfants, l’apprentissage est beaucoup plus long. On parle alors d’énurésie primaire, lorsque votre enfant n’a pas acquis la propreté la nuit après 6 ans, et que tous troubles urologiques, neurologiques ou psychiatriques ont été exclus. L’énurésie secondaire, quant à elle, concerne les enfants qui ont connu des épisodes de propreté pendant plus de 6 mois, puis qui recommencent à faire pipi au lit.

 

Pourquoi fait-il pipi au lit ?

Il faut distinguer l’énurésie primaire (votre enfant n’a jamais été propre la nuit) de l’énurésie secondaire (il a connu des épisodes de propreté puis s’est mis à remouiller ses draps).

Les causes de l’énurésie primaire peuvent être multiples. Il peut s’agir ainsi d’un problème organique, comme le début d’une infection urinaire ou un diabète débutant. L’énurésie primaire est également causée par des facteurs physiologiques, telle une vessie immature qui se vide sans que votre enfant puisse se retenir, une malformation ou une petite capacité vésicale. D’autres facteurs peuvent également entrer en ligne de compte : un sommeil paradoxal très long et très profond qui empêche votre enfant de se réveiller, un déficit en ADH, une hormone antidiurétique qui empêche les petites fuites nocturnes, sans oublier la prédisposition héréditaire. En effet, pour 74 % des garçons et 58 % des filles, l’un des deux parents a connu des incontinences nocturnes dans sa prime jeunesse.

L’énurésie secondaire semble plutôt liée à des problèmes émotionnels et psychologiques, en particulier lorsque l’enfant travers une période anxiogène : un divorce, un déménagement, l’arrivée d’un petit frère… Ainsi, « refaire pipi au lit » est un moyen pour l’enfant de redevenir bébé. Pour Stéphane Clerget, auteur du livre "Les pipis font de la résistance" (Albin Michel, 2006), il faut « chercher l’événement qui a déclenché son énurésie pour trouver comment l’aider. » Ce type d’énurésie, qui concerne 20 % des cas, impose une consultation chez un psychologue qui va chercher l’origine du problème et essayer de le résoudre avec l’enfant.

 

Quand faut-il s’inquiéter ?

Même si l’énurésie n’est pas une maladie grave en soi, il faut toujours consulter son médecin traitant afin d’éliminer toute cause médicale. Ce rendez-vous permettra également de dédramatiser la situation, surtout si votre enfant vit mal cette situation. Très souvent, l’énurésie provoque des répercussions psychologiques chez les enfants, avec à la clé des troubles du sommeil, une anxiété majorée ou une forte irritabilité. Honteux, les enfants se sentent coupables et perdent toute confiance en eux. Un sondage TNS SOFRES révèle ainsi que 42 % des enfants qui portent des couches la nuit refusent d’aller chez un copain et 38 % ne veulent pas partir en colonie, de peur que l’on se moque d’eux.

 

Quelle attitude adopter ?

La punition et l’humiliation ne font que renforcer sa mauvaise estime. Il est donc inutile de gronder votre enfant ou de le punir, car il ne fait pas exprès de faire pipi au lit. Au contraire, donnez-lui envie de grandir et encouragez-le. En tant que parents, vous devez lui redonner confiance et surtout le déculpabiliser, en lui expliquant pourquoi certains enfants font pipi au lit la nuit. "Une des difficultés rencontrée par les parents réside dans cette juste distance à trouver, indique une psychologue de l'Hôpital des Enfants à Bordeaux. Ils doivent rassurer leur enfant tout en lui laissant une certaine autonomie et l'aider à grandir."

 

Quels sont les traitements contre le « pipi au lit ? » ?

L’incontinence nocturne n’est pas une fatalité et il existe plusieurs traitements pour soigner une énurésie primaire. Dans un premier temps, votre médecin traitant procèdera à une analyse d’urine pour écarter tout risque d’infection urinaire puis à une analyse de sang pour détecter un éventuel diabète. S’il suspecte une malformation, il pourra demander une échographie des voies urinaires. Mais rassurez-vous : dans la majorité des cas, il n’y a aucune cause physique…

La prise en charge repose alors sur des mesures hygiéniques et éducatives simples : limiter les boissons le soir, laisser une petite veilleuse pour qu’il puisse se lever la nuit, ne pas le gronder systématiquement… (lire notre rubrique Trucs et astuces).

Si malgré toutes ces précautions, le trouble continue à persister, votre médecin peut décider de prescrire – pour une courte durée - un médicament à base de desmopressine - une molécule semblable à l’hormone antidiurétique. Autre solution, le « stop pipi », une alarme qui se déclenche dès que l’enfant commence à uriner. Un système très utilisé aux Etats-Unis, mais qui reste controversé en France. 

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