Quand l’allergie s’invite à table !

27/09/2010

Lait, œuf, noix, fruits de mer, arachide… Aujourd’hui, près de 10 % des enfants développent des allergies alimentaires. Un phénomène qui a doublé en quelques années. Quels sont les aliments à risque ? Comment se déclare une allergie alimentaire? Quelle prise en charge envisager pour un enfant fréquentant la cantine?



 

Quelles sont les causes d’une allergie alimentaire ?

Léa, 12 ans, n’est pas prête d’oublier ce dîner, la veille des vacances de Noël. Une fois sortie de table, elle s’est sentie fébrile, avec un léger mal d’estomac. Quelques minutes plus tard, elle a très chaud, puis des taches rouges apparaissent au niveau de l’abdomen. Ses lèvres sont gonflées, ça la démange de partout, et les taches apparaissent à un endroit pour disparaitre à d’autres et pour finir s’étendent sur toute la peau. Sans le savoir, Léa fait une allergie alimentaire. La première de sa vie.

L’allergie alimentaire est une réaction excessive de l’organisme face à un aliment qu’il considère comme un intrus. Pour combattre cette substance qu’il ne reconnaît pas, il se met à fabriquer des anticorps et des globules blancs en grande quantité. Cette réaction inappropriée est responsable des symptômes de l’allergie. Une question se pose cependant : ce soir là, Léa  avait mangé une raclette… et elle en raffole ! Alors pourquoi son corps a-t-il subitement déclaré la guerre à son assiette ?

Sur ce point, les scientifiques sont divisés : si tout le monde s’accorde sur une nette augmentation des allergies alimentaires, leurs causes cependant divisent. Pour certains, la diversification (trop) précoce des nourrissons favoriserait le phénomène allergique. D’autres pointent la transformation industrielle des aliments (emploi généralisé de protéines alimentaires additionnées aux préparations) ainsi que la mondialisation de la cuisine, qui met à notre disposition des aliments exotiques, comme le kiwi ou les graines de sésame, particulièrement allergisants. Enfin, on ne peut nier la prédisposition génétique à être allergique : ainsi, le risque pour un enfant d’être allergique atteint 50 % si les deux parents le sont également.

 

A partir de quel âge peut-on déclarer une allergie alimentaire ?

Il n’y a pas d’âge pour déclarer une allergie ! Avant un an, les principaux aliments allergènes sont l’œuf et les protéines de lait de vache. Entre 1 et 3 ans, on retrouve l’œuf (31 %), l’arachide (18 %), le lait (12,5 %) et le poisson (12,5%). La réaction peut survenir quel que soit le « mode de contact » avec l’aliment : il peut s’agir d’une ingestion classique (pendant un repas), d’un contact avec la peau (l’enfant touche l’aliment et développe une réaction allergique), d’une inhalation (l’enfant respire les vapeurs de l’aliment).

 

Quels sont les symptômes d’une allergie alimentaire ?

En général, les symptômes apparaissent quelques minutes, voire quelques heures après l’ingestion de l’aliment. Cependant, il n’est pas toujours évident lorsque les symptômes évoluent à bas bruit de faire le lien avec l’aliment ou l’allergène concerné :

- Manifestations respiratoires/oculaires : rhinite, conjonctivite et plus handicapant, asthme ;

- Manifestations orales et digestives : vomissements, diarrhée, gonflement du visage (langue et pharynx), douleurs abdominales, picotement dans le fond de la gorge (prurit) ;

- Manifestation cutanée : urticaire, dermatite atopique ;

- Oedème de Quincke : la peau gonfle au niveau du visage (lèvres et paupières), elle démange et la respiration est bruyante. L’œdème de Quincke peut être une urgence si votre enfant se met à gonfler au niveau du cou et de la gorge ;

- Choc anaphylactique : le contact avec l’aliment allergène provoque immédiatement des brûlures, la gorge et la bouche gonflent, la peau devient rouge, la tension chute et le malaise s’aggrave sans traitement d’urgence (injection d’adrénaline et de corticoïdes) pouvant entraîner coma et décès.

 

Comment diagnostiquer une allergie alimentaire ?

Le diagnostic est parfois délicat et nécessite une consultation chez un allergologue. Celui-ci vous posera des questions sur les antécédents familiaux et mènera une enquête alimentaire poussée (il pourra par exemple vous demander de noter tous les repas de votre enfant pendant une dizaine de jours). Selon les cas, l’allergologue pourra également proposer la réalisation de tests cutanés (Prick test) éventuellement complétés par un dosage des anticorps (IgE) spécifiques de certains allergènes (ce dosage est appelé RAST test). Enfin, il peut demander un test de provocation en milieu hospitalier (on met alors votre enfant en contact avec l’aliment allergène pour observer ses réactions).

 

Quels sont les évolutions d'une allergie alimentaire ?

L’allergie alimentaire est provoquée par une immaturité de l’organisme, d’où sa fréquence chez les enfants et ses améliorations avec l’âge. Cela dit, il est essentiel de démasquer rapidement l’aliment nocif et de le bannir de l’alimentation de votre enfant. Cela écarte les réactions graves et le risque de choc anaphylactique. Seul l’allergologue décidera de réintroduire progressivement l’aliment incriminé. En général, l’allergie aux protéines de lait guérit vers l’âge de 5 ans alors que l’allergie au poisson ou à l’arachide dure toute la vie.

 

Quels traitements préconiser en cas d’allergie alimentaire avérée ?

Une fois l’ennemi démasqué, il existe un seul traitement : l’éviction totale de l’aliment dans l’assiette de votre enfant ! Il faudra toutefois prendre garde à tous les allergènes cachés, présents dans de nombreuses préparations industrielles… Enfin, en cas d’allergie sévère, il vaut mieux avoir sur soi un kit pour injection d’adrénaline pour traiter un choc anaphylactique. En cas d’œdème et d’urticaire, il est recommandé d’administrer un corticoïde et un anti-histaminique pour atténuer les réactions.

 

 

Que faire si votre enfant allergique va à la cantine ?

Depuis 1999, les établissements scolaires sont tenus d’accueillir les enfants allergiques, dans le cadre d’un projet d’accueil individualisé (PAI). Ce protocole est applicable partout, de la crèche au secondaire. Si l’aliment a été clairement identifié, l’enfant bénéficiera d’une prise en charge personnalisée à la cantine. Dans certaines municipalités, les parents sont tenus d’apporter des paniers repas.  La mise en place d’un PAI se fait à la demande des parents. Dans ce cas, vous devez prendre contact avec le chef d’établissement et le médecin scolaire. Votre demande sera accompagnée de la prescription médicale (indiquant les mesures spécifiques en cas de réaction allergique) et d’un bilan allergologique récent. Si c’est une première inscription, pensez à vous y prendre assez tôt dans l’année… Il est également important d’apprendre à votre enfant, bien avant sa scolarisation, à gérer lui-même son risque allergique et les contraintes de son régime lorsqu’il est au milieu d’autres enfants.

 

Le Top 20 des allergènes :

La grande majorité des allergies sont provoquées par :

-       Le blanc d’œuf

-       Le lait de vache

-       Arachide et cacahuètes

-       Les fruits de mer et crustacés

-       Les fruits : abricot, amande, fraises, cerise, coing, noisette, noix, pêche, pomme, poire, prune, olive,

-       Les légumes : céleri, anis, carotte, cerfeuil, coriandre, cumin, fenouil, persil, poivre vert

Dans 10 % des cas, les allergies sont provoquées par les fruits exotiques (ananas, banane, fruit de la passion, kiwi, kaki, litchi, mangue, noix de coco, papaye), légumineuses (fèves, haricots, pois, pois chiches, soja), farine de blé, moule, bœuf, pomme de terre, poulet, porc, moutarde. La banane, le kiwi et l’avocat appartiennent par ailleurs au groupe des latex : une allergie croisée peut exister entre ces différents aliments. Les enfants présentant ce type d’allergie peuvent également présenter des manifestations allergiques au contact d’objet en latex (utilisés en médecine, sucette, tétine, bonnets de bains…).

D’autres allergies ont été rapportées, mais elles restent rarissimes : ail, agneau, artichaut, calamar, café, châtaigne, chocolat, chou rouge, ciboulette, coquille Saint-Jacques, encornet, escargot, fraise, gelée royale, lapin, laurier, levure de boulanger, oignon, orange, pistache, radis, raisin, rognons, sarrasin, sésame, tomate...

Enfin, les conservateurs (E222 et E227 à base de métasulfites) et les additifs alimentaires (nitrites, colorants dont le rouge cochenille E124, alpha amylase, gommes végétales…) sont potentiellement allergisants.

 

Qu’appelle-t-on allergie croisée ?

Chez certains enfants ou adultes allergiques au pollen d’arbres (bouleau, noisetier, charme), on retrouve plus fréquemment certaines allergies alimentaires. Les plus connues :

-       Bouleau + pomme (plus rarement pêche, abricot, cerise)

-       Bouleau + carotte ou pomme de terre

-       Pollens de graminées + tomates ou cacahuètes

-       Lupin (additif de la farine de blé) + arachide

D’autres allergies croisées sont décrites entre aliments et latex ou pour certains aliments entre eux.

 

Pour aller plus loin : AFPRAL (Association française pour la prévention des allergies)
Tel : 01 49 11 38 88 www.afpral.asso.fr

 

 

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