Allergie : ça chatouille ou ça gratouille ?

28/09/2010

30% des Français souffrent d’allergies et dans les prochaines années puisque ce taux pourrait atteindre les 50%... Qu’elle soit respiratoire, alimentaire ou cutanée, l’allergie gagne du terrain d’année en année, à tel point qu’elle est classée au 5e rang des maladies chroniques selon l’OMS. Quelles sont ses causes et ses conséquences ? Comment en venir à bout ?

 

 

 

 

Qu’est ce qu’une allergie ?

L’allergie est une réaction anormale et inadaptée de notre système immunitaire face à une substance présente dans notre environnement naturel et habituellement bien tolérée. Pensant être agressé par cette substance qu’il ne reconnaît pas, notre organisme réagit en « sortant la grosse artillerie » ! Il va alors mobiliser des moyens totalement disproportionnés pour lutter contre un ennemi inoffensif. Un peu comme si on employait un marteau piqueur pour écraser une puce !Rhinite, asthme, conjonctivite, urticaire, eczéma… Les dégâts collatéraux sont nombreux. Pire, ces réactions vont même s’accentuer à chaque fois que notre organisme sera en contact avec « l’agresseur présumé ». Si les allergies gagnent du terrain d’année en année (30 % de la population est touchée contre 3,8 % en 1968), la maladie n’est pas nouvelle. Le célèbre médecin grec Hippocrate la mentionnait déjà…

 

Concrètement, qu’est ce qui se passe dans notre organisme ?

Lors de la première exposition, l’allergène identifié comme « ennemi » (pollen, acarien, aliment, etc) va provoquer la fabrication de lymphocytes T (globules blancs) et d’anticorps, (les immunoglobulines E  ou IgE) capables de le reconnaitre. L’anomalie vient du fait que ces  IgE vont alors se fixer à la fois sur des cellules de la peau et du sang. Lors d’un nouveau contact avec l’ennemi (parfois plusieurs mois ou années après), les anticorps aidés par les lymphocytes T vont attaquer l’allergène mais également libérer dans notre organisme des substances inflammatoires, dont le terrain de prédilection est la peau et les muqueuses (nez, gorge, yeux, appareil respiratoire). S’ensuit dans les minutes qui suivent une réaction allergique : écoulement nasal, éternuements, larmoiements… Le phénomène est un peu différent pour l’eczéma dit de contact. Lors du premier contact, l’allergène (maquillage, métal, etc.) traverse la peau et se fixe sur des cellules (appelées cellules de Langerhans). Celles-ci vont le conduire vers les ganglions lymphatiques, qui décideront du « sort » à réserver à l’ennemi lors d’un prochain contact. Dans ce cas, les lymphocytes afflueront vers la zone de combat et y développeront une dermatite (ou eczéma de contact).

 

 

Pourquoi déclenche-t-on des allergies ?

L’hérédité joue un rôle majeur dans les allergies. Ainsi, si l’un des parents est allergique, l’enfant a environ 40 % de risques de le devenir également. Si les deux parents sont allergiques, le pourcentage atteint les 80 %... Toutefois notre code génétique n’explique pas tout. Dans les pays industrialisés, le nombre de rhinites allergiques est en constante augmentation. Notre environnement serait-il de plus en plus allergisant ? De nombreuses théories sur le sujet circulent. Certains dénoncent « l’hygiénisme » de notre civilisation qui nous pousse à éradiquer tous les microbes de notre vie. Or, pour développer son immunité, notre organisme a besoin, dans les premiers mois de sa vie, d’entrer en contact avec des microbes (virus ou bactéries). Ainsi, il a été démontré que les bébés nés par césarienne (et donc n’entrant pas en contact avec les germes vaginaux de la maman) développeraient plus d’allergies.  Autre hypothèse : la pollution urbaine et atmosphérique. En effet, les polluants d’origine industrielle (dioxyde d’azote, diesel…) modifient les pollens en augmentant leur quantité d’allergènes et en détériorant leur paroi… De même nos habitations surchauffées et parfois mal aérées sont le refuge idéal pour les acariens et autres moisissures. Enfin, il ne faut pas oublier les animaux de compagnie, de plus en plus nombreux, et les polluants chimiques libérés par nombre de produits ménagers (désodorisant, peinture…). Les simulations réalisées par les spécialistes du réchauffement climatiques ne sont guère rassurantes : ils prévoient d’ici la fin du 21e siècle des hivers plus doux et des étés plus chauds dans l’Hexagone. Résultat : ces changements climatiques favoriseraient les saisons polliniques à la fois plus précoces et plus longues !

 

 

Quels sont les principaux allergènes ?

Il existe des centaines d’allergènes différents dont les plus fréquents sont

- Les acariens contenus dans la poussière de la maison (lire notre dossier complet), les cafards ;

- Les moisissures qui apparaissent dans les pièces humides ou les maisons vétustes ;

- Les pollens de graminées, d’arbres (bouleau, cyprès, châtaigner, chêne, frêne, noisetier, olivier, peuplier, platane, saule, tilleul…) ou de plantes ;

- Les poils et les plumes de certains animaux (chats, chiens, chevaux, rongeurs, oiseaux…)

- Les hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons)

- Les aliments (A lire, notre dossier complet sur les allergies alimentaires) ;

- Le latex (issu de l’hévéa) qui entre dans la composition de nombreux objet : biberons, tétines, gants de ménage…

- Les médicaments (antibiotiques, aspirine…).

  

 

Quelles sont les réactions les plus fréquentes ?

Les symptômes varient selon la nature de l’allergène et l’intensité de la réponse allergique. Ainsi, les pollens vont déclencher des rhinites et des conjonctivites alors que les allergies alimentaires vont se traduire par des troubles digestifs, respiratoires ou cutanés.

- Réactions cutanées : eczéma, eczéma de contact, urticaire… Ce mot vient du latin Urtica, qui signifie ortie : c’est pourquoi les réactions observées ressemblent à la piqûre de cette herbe irritante. Une poussée d’urticaire peut se déclencher après avoir inhalé certains pollens et/ou poils d’animaux, absorbé certains médicaments (antibiotiques, aspirine…) et/ou aliments ou après avoir été piqué par un insecte de type guêpe.

- Manifestations respiratoires et oculaires  (provoquées par les pollens, acariens, moisissures) : conjonctivite, rhinite allergique, voire asthme. Sachez que la rhinite allergique est une maladie inflammatoire de la muqueuse nasale, qui peut s’étendre à l’ensemble des voies aériennes. 20 % des rhinites allergiques sont associées à de l’asthme.

- Manifestations digestives (liées souvent aux allergies alimentaires) : nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales mais aussi picotement dans le fond de la gorge ou gonflement du visage

- Œdème de Quincke : réaction qui se produit dans les tissus sous-cutanés et qui entraîne un gonflement du visage, notamment autour de la bouche et de sa muqueuse (langue), des voies respiratoires hautes (gorge, larynx...). En cas de réaction sévère, il peut y avoir une gêne respiratoire qui nécessite une prise en charge en urgence.

- Choc anaphylactique : il s’agit de la manifestation allergique la plus sévère. Elle survient immédiatement après contact avec l’allergène et se manifeste par des symptômes graves et sérieux justifiant une prise en charge en extrême urgence : chute de la tension artérielle, accélération du rythme cardiaque, troubles respiratoires et digestifs pouvant engager le pronostic vital.

 

 

Comment venir à bout des allergies ?

Pour régler le problème, il faut d’abord identifier le ou les allergènes responsables ! Une consultation chez un allergologue permettra de poser un diagnostic précis (interrogatoire, tests cutanés, patch test, intra-dermo réaction, prise de sang…). L’allergologue décidera ensuite de la marche à suivre : il pourra proposer une éviction totale de l’allergène (pour les allergies alimentaires notamment) ou vous donnera des conseils pour limiter sa présence. Ainsi, en cas d’allergie aux acariens, aérer régulièrement les pièces, abaisser la température, changer de matelas, laver la literie à 60°C… Mais ces précautions ne suffisent pas toujours : un traitement est souvent nécessaire pour limiter la réaction allergique ou les symptômes qui en découlent : médicament anti-histaminiques, corticoïdes et broncho-dilatateurs. Pour les patients qui présentent des réactions allergiques de type « choc anaphylactique », le mieux sera d’éviter tout contact avec l’allergène responsable. Cependant, cela n’est pas toujours aisé notamment pour ceux qui réagissent aux piqûres d’abeille ou de guêpe. Ces personnes ont en général à leur disposition un kit leur permettant de se faire eux-mêmes une injection d’adrénaline en urgence selon des instructions précises données par leur médecin.

 

 

La désensibilisation est-elle efficace ?

Quand l’allergène est unique (acariens, pollens, poils d’animaux), votre allergologue peut vous proposer une désensibilisation par voie injectable ou sublinguale (on dépose quelques gouttes sous la langue). La désensibilisation consiste à injecter de petites quantités d’allergènes sous la peau pour habituer notre organisme à sa présence. Cette méthode se déroule en 2 temps : la phase 1, qui dure une bonne quinzaine de jours, vise à habituer l’organisme à des doses croissantes d’allergènes. La phase 2, consiste à prendre une dose constante d’allergènes pendant 2 à 5 ans, selon l’allergie.

 

 

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