La fièvre est une réaction naturelle

Mots-clés :  Fièvre

date: 
14/10/2010 - 15:08

Que révèle un épisode fiévreux ? Faut-il s'inquiéter dès que le thermomètre franchit la barre fatidique des 38°C ? Le point avec le docteur Pillet.

Que révèle la fièvre la plupart du temps chez un enfant ?

La fièvre vient révéler une infection qui, dans la grande majorité des cas, est bénigne, communautaire, d’origine virale et guérira spontanément sans antibiotique. Chez un enfant, c’est davantage le comportement et la tolérance de la fièvre que la température indiquée sur le thermomètre qui doivent être pris en compte. La hauteur de la fièvre n’est pas un critère de gravité.

Un certain nombre de situations doivent néanmoins amener à consulter rapidement son médecin référent :

- si la fièvre est supérieure à 38°5 chez les nourrissons de moins de 3 mois ;

- si elle survient dans le cadre d’une maladie chronique fragilisante ;

- si elle est associée à des signes de mauvaise tolérance

Dans ce cas, surveillez les changements de comportement, une apathie, une irritabilité, une pâleur anormale, une peau marbrée, des vomissements ou diarrhées de façon constante, des difficultés à respirer, un mal de tête intense.

 

La fièvre est-elle toujours expliquée ?

Non. Certaines fièvres peuvent rester inexpliquées et passer spontanément. L’absence de symptôme ou de signe clinique permettant une orientation diagnostique sont possibles et souvent le fait d’infections virales bénignes. Si elle est bien tolérée par l’enfant, il n’est pas nécessaire de réaliser des examens complémentaires (invasifs) pour en rechercher la cause, sauf si la durée excède plus de trois jours.

  

Quels sont les bons et mauvais gestes pour faire baisser une fièvre ?

Il faut d’abord s’appliquer à découvrir l’enfant : enlever les couvertures et couettes de son lit, ne pas trop chauffer la chambre (environ 18-20°C), l’hydrater le plus possible et favoriser le repos. Le réflexe habituel de certains parents est de couvrir l’enfant parce qu’il a « attrapé froid ». Ce geste va au contraire faire augmenter la température corporelle et peut être délétère, avec un risque d’hyperthermie. Les bains 2° en dessous de la température corporelle, recommandés il y a quelques années, ne le sont plus car ils peuvent entrainer des variations trop rapides de la température corporelle et générer des malaises.

 

Faut-il toujours chercher à la combattre ?

Non en dehors des moyens physiques simples, une fièvre peu élevée ou bien supportée ne doit pas nécessairement amener à recourir à des médicaments antipyrétiques (médicaments contre la fièvre). La fièvre est une réaction naturelle de l’organisme pour lutter contre les infections.

 

Quelle est la meilleure façon de prendre la fièvre ?

Plusieurs techniques existent mais c’est la température axillaire (sous les aisselles) qui est la façon à la fois fiable et sécuritaire de prendre la température des bébés et des enfants de moins de 4 ans. Elle est prise en plaçant le bout du thermomètre sous l'aisselle en maintenant le bras sur le thorax de l'enfant de façon à couvrir le bout. Le thermomètre doit rester en place pendant au moins 3 minutes. Il faut rajouter 0,5° au chiffre obtenu pour avoir le reflet de la température centrale. On ne parle de fièvre qu’au delà de 38/38°2. En deçà, il peut s’agir de variations physiologiques de la température corporelle en lien avec une activité physique, la température extérieure, l’heure de la journée.

 

Les parents ont-ils tendance à s’inquiéter trop vite en cas de fièvre ?

Oui c’est une tendance actuelle que l’on peut comprendre mais qui ne se justifie pas sur le plan médical. La grande majorité des fièvres de l’enfant est bénigne et sans gravité. Il convient de commencer par réaliser les mesures physiques simples et éventuellement donner du paracétamol. En dehors de certaines situations énoncées ci-dessus, il n’y a pas lieu de consulter en urgence. C’est l’évolution de la fièvre dans les 24/48 premières heures qui sera l’élément le plus important pour le médecin.

 

Parlez-nous des traitements pour lutter contre la fièvre. Certains présentent-ils des risques ?

Quatre traitements sont disponibles pour lutter contre la fièvre de l'enfant. Le paracétamol est la substance active de nombreuses spécialités médicamenteusesde la classe des antalgiques non salicylés. Il est indiqué dans le traitement symptomatique de la fièvre en première intention. Contrairement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et notamment à l'aspirine, il est dépourvu de propriétés anti-inflammatoires. Il a l'avantage d'avoir peu de contre-indications, de pouvoir être prescrit à tout âge et d'être dénué d'effets indésirables sérieux lorsqu'il est utilisé à la posologie recommandée. Les médicaments à base d'Ibuprofène (Advil°, nureflex°, nurofen° …) peuvent aussi être utilisés. Ils appartiennent tous deux à la classe des anti-inflammatoires non-stéroïdiens  et à ce titre doivent être maniés avec précaution. En effet l’inflammation reste un moyen pour le système immunitaire de combattre tout type d’infection. L'aspirine (également un AINS) est moins utilisée chez l'enfant depuis quelques années en raison de complications graves (Syndrome de Reye). Il est important de rappeler qu’il n’est pas recommandé d’associer ou d’alterner les antipyrétiques.

 

Nos grand-mères avaient leurs idées pour faire baisser la fièvre : grog, plusieurs couches de couvertures : utiles ou futiles ? 

Probablement pas très utiles mais certainement pas futiles car les grands-mères (quels que soient leurs remèdes) avaient une fonction apaisante et rassurante dans le cadre familial vis-à-vis des jeunes parents.

 

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