Rhino, otites, angines : bouché, coulé !

Mots-clés :  Infection, Virus

05/11/2010

« Votre enfant est malade. Pouvez-vous le récupérer ? » Qui n’a jamais reçu un appel de ce type, surtout en automne-hiver ? Très fréquentes, souvent bénignes, guérissant spontanément dans 80 % des cas, les infections ORL n’en sont pas moins perturbantes. Sources d’absentéisme à l’école, et au travail pour les parents qui n’ont pas de solution de garde immédiate, elles remplissent les cabinets des médecins et peuvent faire l’objet de récidives et de complications si l’on n’y prend pas garde. 

 

Qu’entend-t-on par infections ORL ?

Maladies de l'oreille, du nez et de la gorge, les infections ORL (oto-rhino-laryngologiques) résultent le plus souvent du parasitage des cellules (muqueuse du nez, de la gorge et/ou du conduit auditif) par des virus. Les enfants, dont le système immunitaire est en phase d’apprentissage, sont les plus touchés par ces inflammations très fréquentes, souvent bénignes, mais qu’il convient de surveiller en raison du risque de complications bactériennes. En automne-hiver, rhinopharyngites, angines et otites sont la principale cause de consultation des médecins généralistes et des pédiatres : 18,6 millions de consultations, soit 1,65 passage en moyenne chez le médecin par enfant et par saison !

 

 

Quels sont les symptômes les plus fréquents ?

Nez qui goutte et qui se bouche, mal à la tête, fièvre, éternuements : votre enfant a sans doute attrapé un bon rhume ! Le rhume (ou rhinopharyngite) est l’affection la plus bénigne et, sauf manifestations sévères ou chez les enfants à risque (nouveau-né, maladie chronique sous-jacente), il n’est pas nécessaire de courir dès le premier jour chez le médecin. En revanche, si la fièvre persiste plus de trois jours, ou si vous remarquez une modification des sécrétions ou un changement de comportement (insomnie, perte d’appétit, toux suivie de vomissements, irritabilité, aggravation des maux de têtes, somnolences...), il convient de consulter votre médecin qui vérifiera l’absence - ou la présence - de complications.

Parmi les complications les plus courantes, lotite moyenne aiguë, qui touche les 2/3 des enfants de moins de 3 ans. Dans ce cas, la trompe d’Eustache s’obstrue et se remplit de pus. Votre enfant se plaint alors de fortes douleurs dans l’oreille, associées à de la fièvre, parfois des vomissements (et diarrhées) ou une audition diminuée.

Autre complication possible, la sinusite, inflammation des cavités para-nasales du visage (soit le sinus maxillaire) ou de la base du crâne (sinus frontal, sinus ethmoïdal). Votre enfant souffre alors de maux de tête (au niveau du front, tension au niveau des yeux), son nez est bouché, avec de vilaines sécrétions nasales, souvent épaisses et de couleur verdâtre. La sinusite est un complication rare avant l’âge de 5 ans, car les cavités sinusiennes ne sont pas aérées avant cet âge. Cependant, les plus jeunes peuvent développer une ethmoïdite.  Le tableau clinique est souvent très important avec une fièvre élevée à 39°-40°C, mal tolérée. L’enfant est prostré. Il présente en général un écoulement nasal épais et verdâtre ainsi qu’un œdème des paupières. Le traitement débute le plus souvent à l’hôpital par voie intra-veineuse.

Autre mal, autres symptômes : si votre enfant a mal à la gorge et à la tête, s’il a des difficultés à déglutir, de la fièvre et des ganglions au niveau du cou, il peut s’agir d’une angine qui enflamme littéralement le pharynx et les amygdales, ces glandes situées de chaque côté du palais.

  

Soulager les symptômes

Inutile de se précipiter sur les antibiotiques ! Ils n’ont aucun effet sur les virus, responsables de la grande majorité des infections ORL. Pire, leur surconsommation pose un réel problème de santé publique car les espèces bactériennes - qu’ils sont censés combattre - apprennent à leur résister et en quelques années, certaines affections sont devenues très difficiles à traiter. Seul un examen médical permettra de clarifier la situation, et de donner le traitement approprié. Dans la plupart des cas, mieux vaut laisser faire la nature, tout en soulageant les symptômes pour éviter la surinfection.

En cas de rhinopharyngite ou de sinusite  de courte durée (moins de 7 jours), le nettoyage des fosses nasales au sérum physiologique s’impose 3 à 4 fois par jour. Vous pouvez également administrer du paracétamol, pour faire baisser la fièvre et agir sur la douleur liée à l’inflammation du pharynx gênant parfois l’alimentation. La toux,  liée aux sécrétions qui descendent dans la gorge notamment en position couchée, est un réflexe naturel de défense. Une surélévation de la tête pendant la nuit (avec par exemple un coussin glissé sous le matelas)  permet de l'atténuer sans la faire disparaître totalement. Parfois pour le confort des enfants, un fluidifiant des sécrétions bronchiques (en cas de toux grasse) ou un antitussif (en cas de toux sèche) peuvent être prescrit. Attention cependant ! Ces médicaments sont contre-indiqués depuis avril 2010 chez le nourrisson de moins de 2 ans car ils n’ont pas démontré une réduction des symptômes, tant dans la durée que dans leur intensité (ils disparaissent spontanément en 10 à 15j). Evitez les décongestionnants, surtout chez les jeunes enfants.

En général, le traitement de l’otite moyenne aiguë est l’affaire du médecin. Surtout, ne vous avisez pas de mettre des gouttes dans l’oreille de votre enfant en automédication, car vous pourriez abîmer son tympan ou son oreille moyenne en cas de tympan percé. Ces traitements locaux sont le plus souvent réservés aux otites externes (inflammation du conduit auditif externe situé en avant du tympan). Après confirmation du diagnostic à l’examen clinique, votre médecin pourra vous prescrire des antibiotiques en prise orale pour lutter contre les bactéries qui surinfectent les otites initialement virales, dans 60 à 70 % des cas d’otites moyennes. Comme pour la rhinopharyngite, le paracétamol est votre allié contre la fièvre et la douleur. Soyez vigilant, car une otite mal soignée peut engendrer de graves complications liées à l’infection (méningite, abcès…) ou liées aux conséquences de l’inflammation sur l’audition (surdité).

En ce qui concerne l’angine, le traitement sera différent selon son origine. En effet, il existe deux types d’angine : l’angine virale et l’angine bactérienne (causées dans 25 à 50 % des cas par le Streptocoque A). Il existe aujourd’hui un test de diagnostic rapide pour connaître l’origine de l’angine. Indolore et rapide, ce test peut être administré à tous les enfants à partir de 3 ans : le médecin fait un prélèvement au niveau des amygdales à l’aide d’un grand coton tige, appelé écouvillon. Il place ensuite ce prélèvement dans un produit qui détecte si l’angine est due à un streptocoque A. Le test est positif ? Votre médecin  prescrira alors un traitement antibiotique, que vous devrez respecter scrupuleusement, pour qu’il soit efficace. Si le test est négatif, un traitement contre la fièvre et la douleur suffit, car les antibiotiques sont inefficaces contre les virus. Quelle que soit l’infection ORL de votre enfant, pensez à le faire boire régulièrement pour ne pas qu’il se déshydrate en cas de forte fièvre.

 

 

Y a-t-il des moyens de limiter ces infections ?

Le contact avec les infections virales est inévitable. Il est même indispensable dans la mesure où il va permettre au jeune enfant de mettre en place son propre système immunitaire. C’est ainsi que les récidives se raréfient au fur et à mesure que l’enfant grandit. Certaines règles d’hygiène permettent cependant de limiter les risques de contamination :  mettre la main devant le nez ou la bouche en cas d’éternuement ou de toux, se laver régulièrement les mains … Abstenez-vous également de fumer dans la maison, dans la voiture ou à côté de votre enfant, car la cigarette irrite la gorge et les bronches des enfants. Plus en amont, il est prouvé que l’allaitement - ne serait-ce que quelques semaines - favorise le développement des défenses immunitaires de bébé. Ensuite, si vous en avez la possibilité, il peut être recommandé de limiter les modes de gardes collectifs chez un nourrisson de moins de six mois sujet aux rhinopharyngites ou aux otites récidivantes.

 

Mon enfant a des infections ORL à répétitions : doit-il se faire opérer ?

Plus de 200 virus peuvent provoquer une rhinopharyngite, et les systèmes de défense varient de l’un à l’autre, d’où la fréquence des infections : un enfant de maternelle peut ainsi développer entre 5 à 8 rhinopharyngites en une saison sans que cela soit pathologique. S’il est très gêné par des infections répétées nécessitant des traitements fréquents, ou s’il ronfle beaucoup avec une perturbation prolongée de son sommeil, l’examen des fosses nasales par l’ORL permet de dépister une éventuelle hypertrophie des végétations adénoïdes du pharynx. Leur taille peut justifier l’adénoïdectomie, autrement dit leur ablation. Lorsqu’une otite moyenne aiguë persiste malgré les antibiotique et qu'elle reste très douloureuse, l'ORL peut envisager une paracentèse (petite opération consistant à percer les tympans) afin d'évacuer le liquide sous tension et d'identifier le germe responsable de l’infection. Cette intervention est systématiquement recommandée chez le nourrisson de moins de 3 mois. Lorsque l’otite devient séreuse (avec persistance de liquide non infecté dans l’oreille), elle peut être responsable d’une altération plus ou moins importante de l’audition. La mise en place de diabolos peut alors se justifier si les symptômes persistent malgré un traitement médical bien conduit. 

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