Méningite chez l'enfant : virale ou bactérienne ?

Mots-clés :  Méningite

28/09/2010

Son nom fait peur et déclenche angoisse et frayeur chez les parents. Un seul cas suspect dans une école, et tout l’établissement s’affole… Pourtant, il y a méningite et méningite. En effet, si cette infection des méninges peut être gravissime, certaines formes (les plus fréquentes) restent heureusement bénignes. Quels sont les signes annonciateurs? Comment poser le diagnostic ? Quels traitements existe-t-il ?

 

 

Pas une mais des méningites…

La méningite est une inflammation des méninges, membrane qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Cette inflammation tant redoutée est le plus souvent d’origine infectieuse : virale ou bactérienne (plus rarement parasitaire). Si la forme virale est habituellement bénigne et provoque rarement des séquelles, la méningite d’origine bactérienne est une urgence avec un risque de complications sévères pouvant mettre en danger la vie de l’enfant.

- Les méningites virales :

Chez les enfants, 80 % des syndromes méningés sont provoqués par des infections virales, de type entérovirus, avec un pic de fréquence en été et en automne. Dans la majorité des cas, ces méningites restent bénignes et les signes cliniques, modérés le plus souvent à la phase initiale, disparaissent en quelques jours avec un simple traitement symptomatique, sans laisser de séquelles. Plus rarement, d’autres virus (de la famille des herpès virus, virus des oreillons) peuvent être également à l’origine de cette affection. Le tableau clinique est alors souvent plus important, associant au syndrome méningé, des troubles de la vigilance (somnolence, confusion), des convulsions... On parle alors de méningo-encéphalites (inflammation des méninges et du cerveau). Elles doivent être prises au sérieux et rapidement traitées,  avec un traitement spécifique pour l’herpès car elles exposent à des complications et à des séquelles.

- Les méningites bactériennes :

Plus rares, mais aussi plus redoutables, les méningites bactériennes sont une urgence vitale. Elles doivent être traitées sans délais par un traitement antibiotique (administré en intra-veineux) qui permet une évolution habituellement favorable. La gravité est liée aux complications précoces qui justifient une prise en charge adaptée : purpura fulminans complications intra-cérébrales. Des séquelles peuvent persister (troubles de l’audition, troubles de la mémoire …), indépendamment de la mise en place ou non du traitement antibiotique adapté. Dans 80 % des cas, ces infections sont provoquées par le méningocoque (50 % environ) et le pneumocoque (30 % environ). Vient ensuite l’haemophilus. Plus rarement, d’autres germes (bactéries, parasites) peuvent être à l’origine de méningite, notamment chez les nourrissons ou les personnes souffrant d’une maladie chronique affectant leur système immunitaire. Chaque année, on dénombre en France 400 cas de méningites à méningocoques, avec un taux de mortalité variant de 10 à 15 %. La transmission se fait par les gouttelettes de salive et les sécrétions rhino-pharyngées comme pour le pneumocoque et l’haemophilus. Cependant, seul le méningocoque peut être responsable d’une épidémie de méningite. Le pneumocoque comme l’haemophilus infectent les méninges suite à une infection ORL et/ou broncho-pulmonaire.

 

Quels sont les signes annonciateurs ?

Les symptômes sont le plus souvent atténués en cas de méningite virale. Les signes les plus typiques du syndrome méningé sont : une forte fièvre (> 38°5), de violents maux de tête, une raideur de la nuque, accompagnés de vomissements « en jet ». L’enfant est particulièrement apathique, présente une hypersensibilité cutanée. Il est souvent gêné par la lumière et/ou le bruit (photophobie, phonophobie). Il reste généralement couché en « chien de fusil » (recroquevillé sur le côté) du fait de cet inconfort global. D’autres signes attestant de la gravité de l’affection peuvent être présent : troubles de conscience, convulsions…Dans un contexte de fièvre importante d’apparition brutale, la présence de taches rouges/ violacées sur la peau (purpura) est une urgence qui impose une hospitalisation dans un service de réanimation. En effet, ce type d’éruption cutanée se rencontre dans les infections sévères (septicémie avec ou sans méningite) à méningocoques à l’évolution foudroyante (purpura fulminans). Chez les nourrissons, la méningite est plus difficile à reconnaître, car elle va se manifester par un état fébrile, un teint gris, un bébé grognon, une hypotonie (baisse du tonus musculaire notamment au niveau de la nuque et non raideur comme chez l’enfant plus grand) et une fontanelle anormalement tendue.

 

Comment poser le diagnostic ?

L’examen clinique permet d’orienter vers ce diagnostic mais seule la ponction lombaire peut le confirmer. Cet examen consiste à prélever un peu de liquide céphalorachidien (liquide présent entre les méninges) pour voir s’il est le site d’une réaction inflammatoire (présence de globules blancs) et contient des germes. Le résultat ainsi obtenu permet d’adapter au mieux le traitement.

 

Quels sont les traitements possibles ?

Lorsqu’il y a une suspicion de méningite, et en attendant  le résultat définitif de la ponction lombaire, il arrive qu’un traitement antibiotique empirique (ciblant les bactéries les plus souvent responsables) soit mis en place. Mais pour la plupart des méningites virales à entérovirus, il n’y a pas de traitement spécifique. Un traitement des symptômes (fièvre, douleur, vomissements) est mis en place. Les signes cliniques disparaissent le plus souvent spontanément en une dizaine de jours. Cela dit, en cas de doute sur une méningite virale à Herpès, un traitement anti-viral doit être administré. En ce qui concerne les méningites bactériennes, un traitement antibiotique prolongé et administré par voie intraveineuse en milieu hospitalier est indispensable. Face à une méningite grave, d’autres thérapeutiques visant à contrôler les complications et limiter les séquelles peuvent être également administrées. De récentes études ont montré l'utilité de l'associer à une corticothérapie, pour améliorer l'efficacité. Tout cas de méningite bactérienne, en particulier à méningocoque, fait l’objet d’une enquête de la DDASS afin de recenser toutes les personnes qui sont entrées en contact avec le malade, afin de mettre en place un traitement antibiotique préventif.

  

Existe-t-il des vaccins contre la méningite ?

Oui, et c’est la bonne nouvelle ! Il existe aujourd’hui plusieurs vaccins pour lutter efficacement contre différents types de méningites.

- Vaccin contre l’haemophilus influenzae : depuis 1992, il est possible de se faire vacciner contre la méningite à haemophilus influenzae. Ce vaccin est associé au DTP et peut s’administrer dès l’âge de 3 mois et reste vivement conseillé.

- Vaccin anti-pneumococcique : bien toléré par les nourrissons et remboursé par la Sécurité sociale, ce vaccin est indiqué chez les enfants de moins de 2 ans et peut être administré dès l’âge de 2 mois. Le vaccin est également conseillé pour les enfants traités pour une pathologie chronique fragilisant leur immunité.

- Vaccin contre les méningocoques : en France, les groupes B et C sont les plus fréquents. Les vaccins actuellement disponible dans notre pays ne protège que contre le méningocoque C. Ce vaccin est  recommandé par le haut Conseil de la Santé Publique et apparait sur le calendrier vaccinal 2010. Son administration se fait en une seule injection chez les enfants de plus d'un an, les adolescents et les adultes. Pour les nourrissons de 2 à 12 mois, deux injections sont nécessaires.

 

 

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