Jeux vidéos : les enfants, trop branchés ?

31/08/2010

Télé, ordinateur, consoles de jeux, téléphone portable : aujourd’hui, les enfants sont plus branchés que jamais, au point que les consoles détrônent les Gi Joe et autre poupées Barbie. Les jeux vidéo sont-ils violents ou éducatifs ? Abrutissants ou socialisants ? Comment tirer profit de ces nouvelles technologies ? Quels sont les dangers potentiels ?

 

La console, nouveau jouet à la mode !

Il y a une vingtaine d’années, quand on parlait de « petit écran », on évoquait forcément la télévision. Aujourd’hui, le terme peut s’appliquer à n’importe quel objet nomade : petit écran d’ordinateur, de télévision, de console de jeu, de téléphone portable… Le 21e siècle est « connecté » et les enfants sont devenus de véritables petits techno-sapiens. Ainsi, selon un récent sondage réalisé par Ipsos en 2009, 99 % des 12-17 ans s’adonnent aux jeux vidéo. Autant dire que la console est devenue le nouveau jouet à la mode, loin devant les petites voitures, les soldats ou les poupées qui pleurent ! Reste que le sujet fait souvent débat dans les familles. Certains parents ont ainsi peur d’une confusion entre monde virtuel ou réel, d’autres redoutent que le jeu soit à l’origine d’actes agressifs ou encore de passage à l’acte.

 

Les jeux vidéo, pas si nuls ?

Contrairement à de nombreuses idées reçues, les jeux vidéo peuvent être très bénéfiques pour le développement de votre enfant ! C’est ce que révèlent les travaux du professeur en psychologie PM Greenfield (Université de Californie) qui a étudié les effets des jeux vidéo sur le cerveau, pendant 15 ans. Les résultats sont stupéfiants : loin d’être abrutissant, les jeux vidéo permettent aux enfants de se repérer facilement dans l’espace tridimensionnel. Ils développent également leur intelligence déductive, puisqu’ils doivent formuler des hypothèses ou définir des stratégies pour passer les niveaux. Par ailleurs, la répétition des épreuves ou des missions apprend aux joueurs le goût de l’effort et de la persévérance pour obtenir une victoire.

La diversité des jeux répond également à toutes leurs envies : jeu d’aventure, de guerre, de course poursuite, combat, infiltration, jeux de rôle, réflexion, simulation,  stratégie… Il y en a pour tous les goûts ! Chacun est libre de jouer seul, en équipe ou parfois en réseau. Grâce à ces passerelles dans les mondes virtuels, les enfants développent de nombreuses capacités, comme l’attention, l’observation, les réflexes ou la coordination. Ils apprennent aussi à gérer des tâches multiples et simultanées. Autre intérêt des jeux vidéo : créer une forme de lien social. En jouant en équipe ou en ligne, les enfants aiguisent leur sens tactique, apprennent à « travailler » ensemble, discutent des stratégies à mettre en place. Dans la cour de récré, ils échangent leurs solutions, dévoilent leur stratégie ou révèlent des trucs pour accéder à un niveau supérieur.

 

 

Comment gérer les jeux vidéo de votre enfant ?

Comme toujours en matière d’éducation, vous devez trouver le juste milieu. Interdire l’accès aux jeux vidéo n’est pas une solution car votre enfant risque de se sentir de ses copains. Toutefois, c’est à vous, parents, d’éduquer votre enfant au bon usage des jeux. Première règle d’or : poser des limites, dès le plus jeune âge, en fixant un temps global de jeu à ne pas dépasser. Un temps qui pourra évoluer en fonction de l’âge de votre enfant. Pour le psychanalyste Serge Tisseron, auteur du livre « Qui a peur des jeux vidéo ?» (lire notre interview) « il est bien plus simple d’assouplir des interdits au fil du temps que d’avoir à les imposer brutalement à l’adolescence. » Il ne faut donc pas hésiter à être ferme dès le début. Dans cette optique, il est primordial de créer un véritable dialogue au sein de la famille. Votre enfant acceptera d’autant plus vos limites si vous connaissez le jeu, si vous comprenez son intérêt et si vous valorisez ses victoires et suivez ses progrès. Votre parole gagnera du poids au moment de faire respecter les limites.

 

Mon enfant peut-il devenir violent ?

L’un des principaux reproches faits aux jeux vidéo est d’entraîner les jeunes sur le chemin de la violence, à cause des images de monstres ou de guerres sanglantes qu’ils véhiculent. De nombreux parents s’inquiètent en se demandant si la brutalité de certains jeux vidéo n’incite pas le passage à l’acte, du virtuel au réel. Pour autant aucune étude scientifique n’a prouvé que les jeux vidéo généreraient de la violence, par effet d’identification au héros. Il y a eu aux Etats-Unis quelques cas rarissimes où le jeu a favorisé le passage à l’acte chez des jeunes sans repères et souvent désocialisés. Mais ce phénomène ne doit pas stigmatiser les jeux vidéos, comme « générateur de violence ».

Au contraire, pour certains scientifiques, les jeux vidéo permettraient à l'enfant d'extérioriser sa propre agressivité. Et donc de le libérer de ses pulsions violentes. Par ailleurs, les petits comprennent très tôt la différence entre le réel et le virtuel et savent qu’il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour rejouer sa vie. En fait, le jeu vidéo permet de faire dans le monde virtuel ce que l’on ne s’autorise pas dans la vraie vie.  Ainsi, pour nombre de psychologues, massacrer des soldats virtuels revient à jouer aux cow-boys et aux Indiens, aux gendarmes et aux voleurs. La possibilité de dépendance ne doit pas être exclue, mais le phénomène reste rarissime.

 

Quand faut-il s’inquiéter ?

Beaucoup de parents ont peur du phénomène de dépendance et d’excès aux jeux vidéo. Toutefois, contrairement à ce que l’on peut imaginer, les cas de forte dépendance restent marginaux chez les jeunes enfants et les adolescents (on les retrouve le plus souvent chez les jeunes adultes de 24 à 30 ans). Elle ne concerne que 10 % des joueurs réguliers, avec un pic dans les pays asiatiques. Cette dépendance révèle le plus souvent une grande angoisse et il faut s’interroger sur les raisons de cet excès. Le phénomène de récompense, très puissant dans les jeux vidéo, peut devenir un piège chez les enfants très fragilisés. Cette dépendance correspond souvent à une fuite, une compensation, et un enfant ou un adolescent qui s’isole pour jouer pendant des heures cache un profond mal être. Plusieurs signes sont annonciateurs d’un isolement maladif  et d’un usage excessif des jeux vidéo :

- les résultats scolaires sont en chute libre ;

- votre enfant est fatigué, son teint est pâle (certains jouent trop et trop tard) ;

- il ne voit plus ses copains ;

- il ne veut plus manger pour continuer à jouer et zappe les repas familiaux ;

- il ne sort plus et ne s’intéresse plus à rien (sorties, ciné, lecture, sport)

 

En résumé, tout ce que vous devez retenir :

 

>> Les jeux vidéo permettent de développer de nombreuses capacités intellectuelles ;

>> Pour en tirer parti, il faut imposer des règles strictes et nouer le dialogue avec son enfant ;

>> Aucune recherche scientifique n’a prouvé un lien « passage à l’acte » et jeu violent ;

>> Le jeu vidéo peut permettre à l’enfant de se défouler mais ne remplace pas une activité physique ;

>> Le phénomène de dépendance est rarissime chez les enfants et témoigne d’une forte souffrance par ailleurs.

Retour à l'accueil de Les dossiers des GlobulX

avec le soutien de :