Obésité chez l'enfant : l’hexagone, de plus en plus rond

03/03/2011

Aujourd’hui, un petit Français sur six est concerné par l’obésité, soit deux fois plus qu’il y a dix ans !  Véritable « épidémie » mondiale, l’obésité progresse de façon constante dans les pays industrialisés, engendrant de graves problèmes de santé, chez l’enfant et l’adulte. D’où l’importance de dépister le surpoids dès le plus jeune âge…

 

 

L’obésité, un phénomène mondial

L’obésité est un excès de masse grasse qui, en dehors de toute cause pathologique, traduit un déséquilibre entre les apports caloriques quotidien - trop élevés - et les dépenses énergétiques - trop faibles. Résultat : l’organisme stocke le surplus… Considérée par le corps médical comme le mal du siècle, l’obésité progresse rapidement dans tous les pays industrialisés depuis une trentaine d’années, surtout aux Etats-Unis, au Japon et en Europe. Ainsi, un quart de la population de la planète est aujourd’hui en surcharge pondérale, soit 1,6 milliard d’adultes de plus de 15 ans en surpoids et 400 millions d’obèses (chiffres de l’OMS) ! Et les prévisions ne sont guère réjouissantes : l’OMS prévoit une aggravation du phénomène d’ici à 2015, avec 2,3 milliards de personnes en surcharge pondérale. Longtemps épargnée, la France entre également dans cette ronde infernale. Jadis jalousée pour la qualité de son alimentation (on parlait d’exception française), la réalité a en effet rattrapé l’Hexagone depuis quelques années. Selon les dernières statistiques, 16 à 17 %  des petits Français seraient en surcharge pondérale. Un phénomène qui inquiète le corps médical, car l’obésité infantile peut avoir de sérieuses conséquences sur la santé.

 

Quand peut-on parler d’obésité ?

L’obésité est définie par un Indice de Masse Corporelle (IMC) et une courbe de corpulence, présents dans tous les carnets de santé depuis 1995, à la demande du Ministère de la Santé. Cet indice se calcule de la manière suivante : poids de l’enfant  (kg) / (taille)² :

Exemple : à 6 ans, Jules mesure 1,15m pour 30 kg :

30 / 1,15 x 1,15 = 22,7. Son indice de masse corporelle (IMC) est donc de 22,7.

Chez l'enfant, le report de ces valeurs sur le carnet est un repère fondamental pour la prise en charge précoce de l’obésité infantile. 
En effet, la plupart des obésités s'installent entre 2 et 6 ans.

Chez l’adulte, on parle de surpoids si l’IMC est compris entre 25 et 30 et d’obésité s’il est supérieur à 30.

 

Sommes-nous égaux face à l’obésité ?

L’obésité est une affection complexe qui implique différents facteurs  : alimentaire, environnementaux, génétique, psycho-sociaux… La prise en charge devra donc être adaptée à chaque personne.

- Les facteurs constitutionnels :

Il peut exister chez certaines personnes une prédisposition génétique qui favorise l’apparition d’un surpoids voire d’une obésité. Cette « prédisposition »héréditaire joue un rôle important, puisque, selon les dernières  études scientifiques, un enfant a 30 % de risques d'être obèse si l’un de ses parents est lui-même en surpoids, et 80 % si les deux le sont.

 

- Les facteurs environnementaux :

Les mauvaises habitudes alimentaires :

Grignotage à tout heure, consommation excessive de plats industriels riches en graisse et en sucres, petit déjeuner sauté (ce qui entraîne des carences et favorise « le petit creux » de 11h)… Certains comportements alimentaires favorisent la prise de poids, car les repas sont pris de façon irrégulière, sans respect des horaires. Certains mangent devant la télévision, d’autres grignotent, sans jamais se mettre vraiment à table… Or, on sait que le repas doit être une source de plaisir et de calme, dans une atmosphère détendue, assis confortablement. Le fait de manger vite, sur le pouce, ne permet pas d’envoyer un signal de satiété au cerveau. D’où l’intérêt de prendre son temps… "Selon l'activité de l'enfant, les besoins énergétiques vont varier, souligne Sylvie Laborde, médecin. Ainsi, un apport calorique excessif par rapport aux besoins entraîne à la longue une prise de poids significative. Ce sont surtout les lipides qui jouent un rôle majeur dans l'apparition d'un déséquilibre mais aussi une consommation de glucides dits rapides, comme les boissons sucrées..."

L'inactivité physique :

Lutter contre l’inactivité est le meilleur rempart contre l’obésité ! En effet, pratiquer une activité physique régulière joue un rôle essentiel sur le développement de l’enfant et le maintien de son poids. Plus les enfants bougent, plus le pourcentage de leur masse graisseuse est faible, même si les apports énergétiques sont élevés. Or, aujourd’hui, certains enfants mangent trop… sans pour autant se dépenser. Oisifs, souvent inactifs (jeux vidéo, télévision, ordinateur), ils ont tendance à grignoter devant l’écran et stockent la nourriture, car leurs dépenses énergétiques est trop faibles….

 

- Les facteurs psychologiques :

Chez certains enfants, le stress, lié à des difficultés scolaires, familiales, relationnelles etc., peut avoir une influence sur la prise de poids. Un enfant anxieux aura tendance à chercher une compensation dans la nourriture, pour calmer ses angoisses. Il se tournera volontiers vers des aliments « doudous », apaisants, et réconfortants, souvent sucrés. De même, l’ennui, des problèmes affectifs ou scolaires, peuvent amener un enfant à rechercher une compensation dans la nourriture. Derrière un petit en surpoids se cache toujours un enfant en souffrance, en marge de ses camarades. " Ces enfants subissent les moqueries de leur camarade, voire même de leur entourage, indique Sylvie Laborde. Cette souffrance peut être responsable d’une anxiété ou d’un état dépressif interférant dans le comportement alimentaire." L'obésité une maladie d'exclus ? Sûrement, et certains enfants trouvent refuge dans la nourriture pour combler le vide et l'ennui qui les entoure. 

 

- Les facteurs sociaux :

Depuis quelques années, les spécialistes de la nutrition remarquent une aggravation des inégalités, avec une prépondérance de l’obésité dans les milieux sociaux défavorisés, marqués par le chômage. Ainsi, le rapport d’information de la députée Valérie Boyer (2008) souligne que « la position sociale, le revenu et le niveau d’éducation sont des déterminants clés tant dans l’alimentation adoptée que de l’activité pratiquée. Les moins favorisés ont tendance à consommer plus de céréales raffinées, de viande grasse, de matière grasse et de sucre moins coûteux que les fruits, les légumes ou le poisson privilégiés par les plus instruits. (…) Bien plus qu’un enjeu de santé publique, l’obésité est un véritable problème de société et un marqueur d’inégalité sociale. » 

  

- Autres facteurs :

Certaines pathologies (endocriniennes…) ou certains médicaments pris sur une période prolongée (les corticoïdes par exemple) peuvent être associés à une prise de poids.

 

Quels risques pour les enfants ?

Non prise en compte, l'obésité infantile peut avoir de sérieuses conséquences sur la santé et le développement de l’enfant. Elle est impliquée dans de nombreuses pathologies comme le diabète, l’hypertension artérielle, avec un risque accru de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte. Le surpoids peut en outre engendrer des dérèglements hormonaux, des troubles articulaires responsables de douleurs, des problèmes respiratoires (ronflement, apnées du sommeil responsables d’une mauvaise récupération durant la nuit). En clair, l’obésité ou le surpoids justifie d’être pris en considération afin d’en limiter les conséquences responsables d’un cercle vicieux avec une santé délétère et une espérance de vie réduite de 13 ans en moyenne. Outre ces graves répercussions physiques, l’obésité infantile a une forte dimension psychologique chez l’enfant. Un enfant obèse va développer un comportement de défense. Ses kilos sont comme des remparts qui le protègent du monde extérieur. Il peut se cacher derrière et nourrir une logique d’échec. Les brimades de ces camarades peuvent aussi lui renvoyer une mauvaise image de lui. Cette mésestime de soi, cette dévalorisation doivent être prise en charge, avec l’aide d’un spécialiste, notamment pendant l’adolescence, quand l’image du corps devient importante.

 

Comment traite-t-on l’obésité ?

La meilleure arme « anti-kilos » reste la prévention et le dépistage, et ce dès le plus jeune âge. En effet, un enfant obèse devient, dans 80 % des cas, un adulte obèse : il est donc primordial de diagnostiquer le surpoids précocement grâce à la courbe de corpulence et l’indice IMC. Une fois le surpoids diagnostiqué et évalué, le médecin pourra mener un interrogatoire précis pour déterminer les facteurs impliqués : antécédents familiaux éventuels, habitudes alimentaires, activités physiques pratiquées… La prise en charge  sera adaptée à chaque enfant et pourra être pluridisciplinaire associant une diététicienne, un médecin nutritionniste ou endocrinologue, un psychologue. Ces professionnels se regroupent dans certaines régions de France au sein de réseau appelé RéPOP (Réseau de Prévention de l’Obésité Pédiatrique : http://www.repop.fr/ ). Une bonne prise en charge associera les parents à la démarche. L’objectif : aider votre enfant à stabiliser son poids et à grandir sans prendre de kilos supplémentaires. Pas de régimes draconiens, donc ! L’enfant doit apprendre à manger de tout, mais en petites quantités, en limitant les aliments riches en sucre et en graisses. Une activité physique régulière adaptée à ses capacités et à ses envies participera à la stabilisation du poids. « L’idée est de leur donner des repères, de les ré-éduquer, en découvrant de nouvelles saveurs, en mangeant dans le calme, lentement… » souligne une psychologue du CHU de Bordeaux. 

 

Le programme Epode

Lancé il y a 5 ans, dans 10 villes françaises, le programme Epode vise à prévenir le surpoids chez les enfants, en France et dans le monde, en mobilisant les acteurs locaux et nationaux. L’objectif est d’aider les familles à modifier durablement leur mode de vie : adopter une alimentation diversifiée, pratiquer une activité physique régulière… Désormais déployée dans plus de 220 communes françaises, Epode commence à porter ses fruits. Depuis son lancement, près de 180 000 enfants ont été pesés et mesurés chaque année. Les résultats sont encourageants puisqu’ils indiquent une baisse de la prévalence de l’obésité chez les 5-12 ans, passant de 20,55 % en 2005 à 18,83 en 2009.

www.epode.fr

 

 

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