L'asthme, une maladie chronique très répandue

Mots-clés :  asthme, bronches

Vincent Boisserie-Lacroix Pneumopédiatre

A 53 ans, Vincent Boisserie-Lacroix, médecin libéral attaché au CHU, est membre du Réseau AquiRespi et du RE3A (asthme et allergie d’Aquitaine) en éducation thérapeutique.

L’asthme avéré touche 10 % de la population des enfants en âge scolaire. Il s’agit d’une des pathologies chroniques les plus fréquentes.

 

 

En préambule, on peut dire que l’asthme est très différent de l’asthme du nourrisson ?

Les bébés de 0 à 4 ans souffrent de « bronchiolites » dites aussi « bronchites asthmatiformes », ce qui est différent de l’asthme car ils en guérissent la plupart du temps. On parle d’asthme du nourrisson au bout de 3 bronchiolites.

 

Comment devient-on asthmatique ?

Dr BL : Cette maladie inflammatoire des bronches répond à 3 agresseurs. Tout d’abord, les virus, responsables de bronchiolites chez les nourrissons, et les rhinovirus chez l’enfant et l’adolescent, déclencheurs, eux, de crises d’asthme. Ensuite, les allergies (alimentaires, acariens, pollens, poils d’animaux…) C’est généralement en grandissant qu’on devient allergique. Enfin, la pollution, qu’elle soit automobile, industrielle ou agricole, voire même à l’intérieur de nos maisons (tabac), est une source d’infection qui entraîne des allergies. D’ailleurs, les pics de pollution vont de pair avec une augmentation du taux de gêne respiratoire !

 

L’asthme ne peut-il pas également être héréditaire ?

Dr BL : Bien sûr, il y a une part génétique. Mais nos modes de vie de plus en plus collectifs et nomades (bébés en crèche, vacances lointaines) favorisent la multiplication des virus.

 

Comment posez-vous le diagnostic ?

Dr BL : Si les crises se répètent, il est important de consulter. Le médecin procède tout d’abord à un bilan pendant lequel il interroge son patient. Ensemble, ils vont évoquer le facteur déclenchant (a-t-il mangé un aliment, inhalé un produit ? etc..), parler du déroulement de la crise, voir si celle-ci présente un facteur saisonnier. Ensuite, une radio thoracique (également appelée radio des poumons) est pratiquée, associée éventuellement à une enquête allergologique (circonstances de déclenchement, signes accompagnateurs, tests cutanés). Enfin, le patient doit souffler dans une « boîte » qui mesure sa capacité respiratoire (après 4 ans).

  

Y a-t-il plusieurs traitements possibles ?

Dr BL : Pendant la crise, le patient doit utiliser des broncho-dilatateurs sous forme de gaz ou de poudre. Ils ont pour effet de dilater les bronches et de permettre au malade de mieux respirer. L’école du souffle est là pour éduquer le patient à bien les utiliser, de manière autonome. En parallèle, on déclenche un traitement de fond pour éviter les crises. Généralement, ce sont des anti-inflammatoires à base de cortisone (également appelés corticoïdes). Il faut faire attention à bien respecter les doses prescrites. Depuis peu, de nouveaux médicaments sont sur le marché : les antileucotriènes. Les leucotriènes sont des substances chimiques que les cellules fabriquent en cas d’inflammation.

 

Y a-t-il des façons plus naturelles de prévenir l’asthme ?

Dr BL : Traiter l’environnement de l’asthmatique ! Aérer la literie, éviter la moquette, ne pas trop chauffer (18 à 19° dans une chambre la nuit, pas plus !). Depuis peu, une nouvelle profession émerge : celle de conseiller en environnement intérieur. La formation est dispensée à Strasbourg. On apprend aussi au patient à gérer son souffle pour l’aider à calmer la crise. Des séances de kinésithérapie peuvent aussi apprendre à respirer par le nez, et aider à évacuer les sécrétions. Enfin, les bons vieux lavages de nez ! A faire aussi souvent que possible. Savez vous que vous pouvez vous-même fabriquer votre sérum physiologique ? La recette est simple : 0,9 grammes de sel par litre d’eau. Mais les bonbonnes de SP sont remboursées par la sécurité sociale. Il y a aussi l’homéopathie. Appréciée, mais pas suffisante surtout en période de crise. Enfin, ne pas oublier les mesures d’hygiène les plus élémentaires pour se protéger des virus : ne pas s’embrasser, se laver les mains le plus possible : poignées de porte, claviers d’ordinateurs sont bourrés de virus…

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